La mémoire de Max Lapeyre est Lombézienne et… paysanne dans le sens le plus noble du terme. A quatre-vingt-trois ans (il est né le 27 mars 1933 à Bassières – Lombez), il est surprenant de l’entendre retracer sa vie avec justesse et indulgence et livrer sa vision du monde actuel avec pragmatisme. « Les valeurs de solidarité, d’entraide et de bon voisinage sont essentielles pour affronter les difficultés de la vie ». Et la vie n’a pas été tendre avec Max. Son père décède en 1940 pendant la guerre et sa mère disparaît dans la fleur de l’âge. Bernard, son grand-père l’élève sur la propriété familiale, à peine quinze hectares d’une terre argilo-calcaire, vallonnés et cultivés à bras d’hommes.
En 1947, M. Lapeyre obtient son certificat d’études. Deux ans plus tard il réussit son brevet professionnel à Beaulieu. Pupille de la nation, il aurait pu prétendre à un emploi réservé dans l’administration (les postes, comme son père, il y a pensé) mais par reconnaissance envers son grand-père, il reste travailler les arpents de Bouhebent Sud. La lumière du jour rythme alors ses journées de labeur, le soleil mûrit les céréales et les fourragères, les vaches gasconnes attelées tirent les outils agricoles. « Pas d’arrosage, pas de tournesol et l’engrais était lancé à la volée ».
En 1956, le jeune homme est rappelé par l’armée et envoyé en Allemagne. Son grand-père seul, âgé de 82 ans reprend, par nécessité, le travail agricole. Max reviendra finalement à Lombez en 1957 et c’est le bonheur qui l’attend. En 1958, il épouse Eliane qui le secondera beaucoup. Et puis, le premier tracteur « arrive » à la ferme. Un Ferguson gris à essence. Le carburant était distribué chez Campario. Ainsi, la propriété et la famille qu’il forme avec Eliane s’agrandissent.
C’est à soixante ans que Max prend sa retraite. Sans aucun regret, il l’avoue. « La PAC - Politique Agricole Commune - ses objectifs de productivité, sa lourdeur administrative… a trop changé le métier et les mentalités. L’Europe a fait des paysans des assistés, des pions du système bancaire et industriel ». Depuis deux ans, Max rend très souvent visite à son épouse soignée dans l’EHPAD de Lombez. C’est le cœur lourd qu’il revient chez lui et avoue « heureusement que j’ai la lecture et le jardinage pour me distraire ». Et puis il y a son frère Bernard et les enfants qui sont proches et attentionnés.
Merci à Max Lapeyre pour son témoignage poignant.